Le moulin de la Rouzique: témoin du passé

Après être allés sous terre dans le gouffre de Proumeyssac, nous voici de retour à la surface pour partir à la rencontre d’une tradition ancestrale: la fabrication de papier. Pour en savoir plus sur ce sujet, direction le moulin de la Rouzique !

Informations pratiques

Localisation du Moulin de la Rouzique

Nous voici donc à 20km de Bergerac, 50km de Domme, dans la petite commune de Couze-et-Saint-Front en Dordogne. 

Ce moulin situé au bord de la rivière Couze est célèbre pour sa production de papier. Il est un lieu incontournable pour découvrir l’artisanat papetier et le patrimoine industriel de la région. Et je suis ravie de partir découvrir cette tradition avec mes enfants car même si j’ai déjà visité beaucoup de lieux différents, je n’ai jamais visité de moulin à papier.

Le site propose des visites interactives où les visiteurs peuvent participer à des ateliers de fabrication de papier, découvrir les différentes étapes de transformation, et comprendre l’importance de ce patrimoine local. Cette visite va donc être l’occasion d’apprendre beaucoup de choses ! 

Moulin de la Rouzique

Tarifs et horaires

Le moulin de la Rouzique est ouvert:

  • tous les jours d’avril à juin et de septembre à début novembre : de 14h à 18h sauf le samedi
  • en juillet et en août : tous les jours de 10h à 19h

Horaires des visites guidées :

– Du 1er avril au 30 juin : tous les jours, sauf le samedi (jour de fermeture) : 14h30 et 16h3

– En juillet et en août :

  • du 1er au 14 juillet : 10h30 / 13h30 / 15h / 16h30 et 18h
  • du 15 juillet au 25 août : du lundi au vendredi : 10h30 / 12h / 14h / 15h15 / 16h30 / 17h45
  • le samedi et le dimanche : 10h30 / 13h30 / 15h / 16h30 et 18h
  • du 26 au 31 août : 10h30 / 13h30 / 15h / 16h30 et 18h
 
– De Septembre à début novembre : tous les après-midi, sauf le samedi, à 14h30 et 16h30
 
N’hésitez pas en été à réserver en ligne pour pouvoir participer à la visite guidée. 

Pour plus de renseignements, notamment pour les groupes et les scolaires, c’est ici

Le moulin de la Rouzique

Construit au XVIe siècle, le moulin a connu plusieurs phases de rénovation au fil des siècles. Le moulin de la Rouzique fait partie de la tradition papetière de la vallée de la Couze, une zone où l’on produisait du papier dès le XIVe siècle, grâce à la force motrice de la rivière. Le village où il se trouve comptait plusieurs moulins à papier. Sur le plan ci-dessous sont dessinés le moulin de la Rouzique et ses bâtiments ainsi que les moulins voisins. 

Plan du site de la Rouzique

Quel plaisir de marcher au milieu de ces anciens bâtiments et de repenser à leur histoire ! 

Le moulin de la Rouzique et sa chiffonnerie, son séchoir mais aussi tout près la maison Jardel, le manoir et le  moulin sous-le-roc, c’est tout un ensemble à découvrir! 

Le moulin de la Rouzique a fonctionné sans interruption jusqu’au XXe siècle. Il produisait du papier à partir de chiffons, une méthode traditionnelle qui a longtemps été utilisée avant d’être modernisée. C’est donc tout une tradition que l’on vient découvrir dans cet écomusée. 

Fonctionnement et Techniques de Production

Choix du site

Le moulin de la Rouzique et ses voisins n’ont pas été construits ici par hasard ! En effet, la rivière Couze offre des avantages : 

  • une rivière rapide avec de l’eau même en été
  • un PH neutre contrairement à la Dordogne et à la Vézère
  • la Dordogne toute proche donc le papier facilement transportable

Et avant?

J’espère ne pas être la seule qui ignorait que l’on peut fabriquer du papier avec de vieux chiffons… Pour moi, ce fut une découverte, je l’avoue. Forcément, je connaissais le papyrus, le parchemin. Parchemin sur lequel écrivaient les moines copistes des abbayes de Beaulieu-en-Rouergue, Belleperche ou encore Moissac dans le Tarn-et-Garonne. Mais le parchemin ne pouvait pas être imprimé. Il a donc fallu développer la fabrication du papier, inventé en Chine il y a environ 2000 ans. Ce fut ainsi le cas en Auvergne comme au moulin Richard de Bas à Ambert mais aussi dans le Périgord qui compta jusqu’à 24 papeteries. 

Je savais que le bois fournit de la cellulose mais je n’avais jamais pensé à l’utilisation de tissus… Et pourtant, rien de plus simple comme vous allez le constater! 

Récupérer la matière première

Direction la chiffonnerie pour cette première étape. 

Chiffonnier ramenant les tissus à la papèterie

Les vieux chiffons blancs étaient à la base de la fabrication du papier. Ils étaient achetés par les chiffonniers puis vendus aux papeteries. 10kg de chiffons permettaient de fabriquer une centaines de feuilles. Imaginez la quantité de chiffons nécessaire pour faire tourner une papeterie! 

Mais avant de pouvoir passer à la fabrication, les chiffonnières devaient trier les tissus en fonction de la fibre, découper les zones tachées, retirer les broderies, les coutures, les boutons, le col car ces parties étaient trop rigides pour faire du papier. Dans la chiffonnerie, s’entassaient des montagnes de chiffons prêts à être transformés. 

Une fois les tissus dépouillés de toutes les fioritures, venait l’heure de la découpe et il fallait aller vite car plus elles coupaient, plus les chiffonnières gagnaient ! C’est donc assises, face à une grande lame, qu’elles découpaient inlassablement les morceaux de tissu en petits pétassous. Il valait mieux être habile pour ne pas y laisser un doigt… 

Une fois les pétassous obtenus, place à une étape primordiale: le pourrissement. Et oui… Afin de récuper les fibres végétales, il était temps de placer tous les petits morceaux de tissus dans de grands bacs en pierre remplis d’eau de chaux afin de les faire pourrir plus rapidement. La durée était variable en fonction de la période de l’année et pouvait passer de quelques jours à de longues semaines. Le résultat était toujours le même: de très mauvaises odeurs émanaient des bacs où les pétassous reposaient et mieux valait avoir l’estomac bien accroché lorsque l’on y travaillait! 

La mixture très odorante était prête à passer à l’étape suivante: place au broyage ! C’était désormais le travail de la pile à maillets qui tapait, déchiquetait, nettoyait, brassait pour obtenir la pâte à papier tant convoitée. Les maillets étaient équipés de lames en métal à leur extrêmité pour accélérer le travail (ce travail était avant fait à la main, le temps était forcément beaucoup plus long…   

Ils étaient entraînés par un arbre à came, lui même entraîné par la roue du moulin

panneau informatif sur le bief du moulin de la Rouzique

Lors de la visite, notre guide a actionné la roue du moulin en ouvrant le bief. En effet, la roue du moulin ne se trouve pas directement dans la rivière. 

On puise l’eau dans une retenue que l’on ouvre et ferme avec un système de vannes. L’eau en tombant fait tourner la roue dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. 

Après ces deux jours de travail par la pile à maillets, la pâte à papier était prête à utilisée. Il ne restait plus qu’à fabriquer les feuilles de papier ! 

Le saviez-vous?

Si aujourd’hui les alentours du Moulin de la Rouzique offrent un cadre calme et propice à une petite balade aux bords de l’eau, vous ne seriez pas venu(e) lors de la période de pleine exploitation des moulins au bord de la Couze. En effet, mauvaises odeurs et vacarme n’attiraient pas les passants et le village avec ses habitants était installé à l’écart de ces lieux peu accueillants. 

Fabriquer des feuilles en papier

Une fois la pâte à papier prête, l’étape de fabrication des feuilles pouvait débuter. Pour se faire, il suffisait de plonger un cadre avec un tamis afin de récupérer la pâte à papier, de retourner la feuille formée sur un feutre, puis de presser afin de retirer l’excédent d’eau. 

Une fois les feuilles de papier pressées et séparées délicatement, l’étape finale, celle du séchage pouvait commencer. Les feuilles étaient déposées une à une sur des cordes avec un outil en bois, le ferlet. Il permettait de les installer à cheval (on pouvait aussi utiliser des épingles). Les cordes étaient en chanvre pour ne pas tacher le papier. 

Il n’était bien entendu pas possible de vendre les feuilles directement à leur descente du séchoir. Comme vous devez vous en douter, elles étaient froissées et portaient la trace du fil. Après les 3 à 6 jours de séchage, une dernière manipulation était donc indispensable: presser les feuilles entre des planches de bois pendant 2 jours pour les défroisser.

Le saviez-vous?

On reconnaît, depuis l’extérieur, les lieux qui servaient au séchage avec leurs ouvertures verticales, appelées interlats. Ces volets permettaient de créer des courants d’air mais aussi de diminuer le taux d’humidité ambiant.

Evolution des pratiques

Au XVIème siècle, il fallait compter un mois pour obtenir du papier. Avec les besoins grandissants, il a fallu trouver des moyens plus rapides pour en fabriquer. 

C’est ainsi que la pile hollandaise a remplacé la pile à maillets. Moins bruyante et plus rapide, c’est encore ce principe qui est utilisé de nos jours. 

A l’heure industrielle, il n’y avait plus assez de chiffons pour répondre à la demande, on est donc passé au bois. 

Le Moulin de la Rouzique disposait de 3 machines qui ne nécessitaient plus de faire pourrir les pétassous. Avec une capacité de 30kg et une seule cuve, il suffisait de 12 heures pour obtenir de la pâte à papier. Quel gain de temps! 

C’est donc une toute autre ambiance que nous découvrons dans l’atelier papetier du Moulin de la Rouzique avec des machines plus modernes.

La fabrication du papier a atteint le rythme impressionnant de 10 mètres en 1 minute. Ceux qui ne pouvaient investir dans l’acquisition de machines avec ce débit ne pouvaient résister à la concurrence moderne.C’est ainsi que le moulin de la Rouzique s’est associé aux autres moulins. 

Le saviez-vous?

La spécialité du Moulin de la Rouzique était la fabrication de feuilles rondes, des feuilles de chimistes utilisées comme filtre.

feuille ronde fabriquée au moulin de la Rouzique

Le moulin de nos jours

La papetière du Moulin de la Rouzique

Voici la pile qui est maintenant utilisée par la papetière du Moulin de la Rouzique. Elle est désormais électrique et n’a plus besoin de la roue du moulin pour fonctionner. 

Et le matériel utilisé pour décorer le papier: le filigrane du musée de la Rouzique ainsi que tout ce qu’il faut pour créer des incrustations

La papetière fabrique environ 14 000 feuilles par an. Il s’agit de papier de grande qualité, du papier pour aquarelle par exemple. Des feuilles toutes différentes, des feuilles uniques ! 

Dans la boutique du moulin de la Rouzique, vous pouvez trouver d’autres articles à acheter pour un petit souvenir de votre visite. 

Atelier pour les visiteurs

Le moulin est aujourd’hui un site touristique et pédagogique géré par l’association « Au Fil du Temps », qui se consacre à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine papetier. Les membres de cette association organisent des visites guidées, des ateliers, et des démonstrations qui initient les visiteurs aux techniques traditionnelles de fabrication de papier. 

J’ai eu la chance de pouvoir participer avec mes enfants à l’atelier de fabrication de papier. Nous avons beaucoup apprécié ce moment où nous avons pu mettre la main à la pâte (c’est le cas de le dire ici…).

Ici mon fils vous montre les différentes étapes à réaliser. 

Lorsque chaque participant à l’atelier a eu terminé sa feuille, notre guide a pressé le tout pour que nous puissions repartir avec. Certains ont laissé leur feuille.

Salle d'atelier pédagogique au Moulin de la Rouzique
Séchage de feuilles au Moulin de la Rouzique

En ce qui nous concerne, nous sommes repartis avec.

Quelques jours de séchage et le tour était joué ! 

Papier fabriqué au moulin de la Rouzique

Ce papier ne permet par contre par d’écrire avec de l’encre liquide car il est très absorbant ! Pour avoir un papier le permettant, il aurait fallu ajouter de la colle lors de sa fabrication. 

Conclusion

Le Moulin de la Rouzique est aujourd’hui un espace de transmission des savoir-faire artisanaux, préservant un héritage industriel tout en sensibilisant le public aux procédés écologiques et artisanaux. Sa gestion en association permet de maintenir cet héritage en vie tout en attirant de nouveaux publics, notamment des familles, des écoles, et des passionnés d’histoire et de métiers d’autrefois. 

On se retrouve très vite pour découvrir de nouveaux lieux incontournables en Dordogne. Vous allez sans nul doute adorer les Jardins de Marqueyssac ou encore le château de Beynac!

Merci beaucoup de prendre le temps de me laisser un commentaire concernant cet article ❤️

8 réponses

  1. Merci pour cette jolie visite Florence ☺️ photos, vidéos 😍😘
    Le moulin à papier de Brousses dans l’Aude (près de Carcassonne) ressemble un peu à celui-ci. J’y étais allée avec mon fils lors d’une sortie scolaire (il y a déjà longtemps 🫣)

    1. Je n’avais jamais visité de moulin à papier et j’ai beaucoup aimé cette visite et mes enfants aussi. C’est vraiment bien que des associations continuent de partager cette tradition ancestrale.

  2. Encore une fois, un article très intéressant! J’ai comme souvent appris beaucoup de choses en le lisant et note cette visite sur ma liste des lieux à découvrir en Dordogne. Merci !

  3. bonjour ma Flo

    La lecture de tes reportages est toujours un vrai bonheur . La découverte bien complète les détails les informations également
    J’ai seulement visité les papeteries de Vaux ds le Périgord vert (elles ne sont plus en fonction) mais la visite est également très intéressante….

    1. Bonjour Michèle et encore une fois merci d’avoir lu mes mots. Je suis ravie de lire que tu as apprécié ce nouvel article. C’était une totale découverte pour moi car je n’avais jamais visité de moulin à papier et j’ai trouvé cela très intéressant tout comme mes enfants. Nous avons tant à apprendre !

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